L’Indice de Qualité Ecologique (IQE), un nouvel outil d’évaluation écologique

Aujourd’hui, la situation des écosystèmes terrestres comme aquatiques est jugée préoccupante. Les populations d’oiseaux et d’insectes chutent et les pressions sur la biodiversité s’intensifient (artificialisation des habitats, changement climatique, pollution, …). En France, l’enjeu est grand. Du fait de sa localisation au carrefour de quatre régions biogéographiques terrestres (alpine, atlantique, continentale et méditerranéenne), la diversité écologique des habitats et des espèces qu’elle abrite est riche.

Face à ce constat, la nécessité d’améliorer continuellement la connaissance de l’état des écosystèmes est primordiale. De nouvelles méthodologies émergent et parmi elles, l’Indice de qualité Ecologique (IQE).

Quels sont les objectifs de l'IQE ?

L’IQE, développé par le Muséum National d’Histoire Naturelle, permet d’évaluer la biodiversité et la fonctionnalité écologique d’un site tout en gardant une approche accessible pour des non-spécialistes. Il n’a pas de vocations règlementaires. Il est mis en place dans une démarche volontaire dans le but de mieux connaître la biodiversité pour mieux agir par la suite.

Les objectifs sont les suivants :

• Evaluer la biodiversité et la fonctionnalité écologique d’un site ;
• Orienter les mesures d’aménagements et de gestions en faveur de la biodiversité ;
• Organiser un suivi de la biodiversité à l’échelle du site ;
• Intégrer le site dans le territoire en favorisant sa connexion avec les espaces naturels alentours 
• Représenter un outil de dialogue entre la science et la gestion.
• Cadre d’application

Pour pouvoir mettre en place l’indice sur un site, ce dernier doit remplir plusieurs critères :

• Il doit être localisé en France métropolitaine ;
• Il doit avoir une surface comprise entre 10 et 100ha ;
• Il doit être composé de zones artificielles (industrie, loisirs, …) et de zones semi naturelles ou naturelles.

L’IQE n’a pas de rôle règlementaire, il ne se substituent pas aux études écologiques règlementaires. Il peut cependant servir de support à l’élaboration d’un plan de gestion, participer à l’amélioration de la connaissance écologique d’un site, constituer un socle pour des audits écologiques…

Quel est le protocole d’action à mettre en place ?

La réalisation d’un IQE se base sur un protocole écologique, reproductible et précis structuré par une analyse de la patrimonialité, de la fonctionnalité et de la diversité. Cela représente une base de connaissance solide dans l’évaluation d’un site et permet de rendre compte de la complexité du vivant. L’idée est aussi de pouvoir reproduire le protocole à l’identique d’une année sur l’autre dans un objectif de suivi et de comparaison des données.

Pour ce faire, 4 campagnes de 6 jours de terrains sont préconisées du printemps à l’été incluant un passage à l’aube et un autre en soirée. Un itinéraire échantillon doit être suivi afin de parcourir l’ensemble des milieux présents sur le site. Les groupes inventoriés et analysés au cours des prospections sont les suivants : Flore, Reptile, Avifaune, Amphibien, Rhopalocère, Odonate et Habitats naturels.

Quels résultats obtient-on ? Quels sont les avantages de la méthode ?

Le résultat final de l’IQE est l’obtention d’une note traduisant la « fonctionnalité écologique » d’un site. Elle est visible sous forme d’un diagramme radar synthétique qui facilite la compréhension des résultats. Ce dernier constitue aussi l’avantage de mettre en valeur les points forts et les axes d’amélioration du site. En plus de cela, l’étude amène à l’obtention d’une liste exhaustive des espèces floristiques et faunistiques présentent au sein de la zone d’étude, à la réalisation d’une cartographie complète et détaillée des habitats naturels et elle permet de mieux connaître la place du site au sein du paysage alentour.

L’ensemble de ces résultats serviront de base pour la mise en place d’actions d’aménagements et de gestions écologiques. Ils pourront aussi constituer un support pour la réalisation d’un plan de gestion écologique.

L’IQE, du fait de l’obtention d’une note et d’un diagramme radar par critère, permet de suivre visuellement l’évolution de la fonctionnalité écologique d’un site à la suite de la mise en place d’aménagements. De plus, il permet de venir comparer des sites entre eux lorsque ces derniers présentent un contexte écologique et une surface similaire.

Une communauté rassemblant les acteurs de l’IQE (naturalistes ayant été formés à la méthode) permet d’échanger sur l’indice en question. L’objectif est de mettre à disposition les connaissances et les outils permettant le bon développement de l’IQE mais aussi de partager les retours d’expériences, les avis ou encore les conseils de déploiement de l’indice.

Quelles sont les limites de la méthode ?

Malgré son étude naturaliste complète, l’IQE ne remplace par les études règlementaires. Il ne prend pas en compte l’ensemble des taxons inventoriables (Orthoptères, Chiroptères, …). Aucunes prospections ne sont réalisées à l’automne ou à l’hiver ce qui ne permet pas d’identifier les enjeux écologiques spécifiques à ces périodes. Enfin, l’indice ne s’applique pas dans le domaine marin ainsi qu’en outre-mer.

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